2 août 2013
« La force des noms, ce qui porte à nommer des choses pour ne pas se perdre dans le désordre du monde, tel est ce qui anime et peut-être invente un territoire, celui de la philosophie. » Anne Cauquelin, Espace et lieux dans la pensée occidentale
« logos » : « qui comprend tout ce qui est ».
Définir consiste à expliciter le sens des mots : c’est donc la première étape du travail de recherche (pour les termes de la langue usuelle et pour les termes techniques). En effet, une bonne définition est celle qui précisément et clairement expose les différents sens du mot.
« Notion du latin notus : connu par l’esprit« . « Construction, représentation de l’esprit » dictionnaire Larousse. « On peut dire que la notion est ce par quoi commence un savoir : avoir quelques notions d’architecture…) »
Ces abstractions possèdent plusieurs sens : il est donc important de détacher les différentes strates de significations d’une notion, les exemples peuvent être très utiles.
« Faculté, manière de se représenter une chose concrète ou abstraite ; résultat de ce travail ; représentation. » « Représentation mentale abstraite et générale, objective, stable, munie d’un support verbal. Par exemple : le concept de vérité, le concept de cercle, le concept d’espace… » définition du dictionnaire cnrtl.
Du latin conceptus : « action de contenir, de recevoir » (de concipere « concevoir »), en latin le sens de « conception, pensée ».
« C’est une représentation générale formée par abstraction, le concept est intelligible et peut faire l’objet d’un discours. » Il est toujours important d’analyser les sens qui déterminent la richesse d’un concept et sa « puissance d’instruction ».
AMÈNE. « L’adjectif amène est synonyme de courtois, d’agréable, d’aimable, il a donné le nom féminin aménité qui désigne un lieu aimable, charmant. Je propose d’en tirer un verbe actif, améniser, rendre aimable un lieu… Les premiers faiseurs de villes soignaient en effet les rues au nom de la beauté et veillaient à ce que la ville soit une œuvre d’art.» Thierry PAQUOT, pour une ville enchantée.
ATTENTION. « Le concept d’attention, très présent dans son travail depuis quelques années, est à prendre ici en plusieurs sens : Stiegler parle à la fois d’attention psychique et d’attention sociale, et fait entendre, parfois successivement, parfois simultanément, le sens perceptif ou cognitif («être attentif») et le sens pratique ou éthique («faire attention», prendre soin). Nous nous concentrerons d’abord ici sur ce qu’il dit de l’attention au sens psychique, c’est-à-dire, grossièrement, la capacité d’un esprit à saisir – c’est à dire aussi à constituer – son objet. » Julien Gautier, Lecture de Prendre soin, de la jeunesse et des générations de Bernard Stiegler, Flammarion (2008).
ÉTHIQUE. « L’éthique, selon son étymologie, est un ethos, c’est-à-dire une manière d’être. Séjour de l’homme au monde, elle est un mode d’existence qui s’adresse à chacun et se distingue aussi bien d’une morale comme rapport à soi que d’une pensée moralisatrice pour l’Autre. Ainsi, l’éthique participe à la relation à autrui et au monde – à la Nature, à ce qu’on nomme bien hâtivement l’environnement. Elle se confond parfois avec la responsabilité, que nos actes ordinaires ne peuvent pas esquiver, et avec la déontologie, qui règle les pratiques professionnelles. L’architecte et l’urbaniste, par exemple, sont non seulement responsables juridiquement de ce qu’ils édifient, mais aussi éthiquement. À l’heure où ces métiers connaissent de profondes mutations, à la suite des nouvelles configurations territoriales et des nouveaux modes de vie urbains, la question de l’éthique se pose avec acuité. » PAQUOT, T., YOUNES, C., (dir.), Ethique, architecture, urbain, Paris : La Découverte, 2000, 228 pages.
ESPACEMENT. « Cf. Espacements, par Françoise Choay, (1969) Fayard, 2011. Elle distingue la rue qui est un « espace de contact » au Moyen-Âge, à l’ « espace de spectacle » de l’époque classique, à l’« espace de circulation » des XIX et XX siècles et à l’« espace de connexion» des villes actuelles. » Note de Thierry Paquot.
Notes ferme moderne : (1) – Rappelons que le titre du colloque dont sont issues les contributions de la présente livraison est : La ferme moderne. Architecture rurale et constructions agricoles au XXe siècle. (2) – Dès 1976, Manfredo Tafuri préfère parler d’« architecture contemporaine » dans le volume qu’il consacre à l’histoire du XXe siècle. Sur l’évolution du concept, voir TOURNIKIOTIS, Panayotis. Historiography of Modern Architecture. Cambridge (MA) : The MIT Press, 1999.
HABITER. « Les auteurs de cet ouvrage confrontent ainsi les apports de différentes disciplines (architecture, sociologie, géographie, urbanisme, ethnologie, philosophie…) à la compréhension de «habiter» et de l’«habiter». Ils témoignent de la très riche polysémie de ce verbe, source de débats contradictoires aux implications tant théoriques que pratiques.
En effet, si «habiter» est le propre de l’homme, alors pourquoi accepte-t-il trop souvent l’inhabitable ? Que signifie l’habitabilité de la Terre ? En quoi l’architecture et l’urbanisme contribuent-ils, ou non, à la rendre habitable ? Comment la qualité d’un lieu conforte-t-elle la beauté de l’existence ? Répondre à ces questions revient à analyser les tensions qui se manifestent entre l’homme, la technique et la nature et aussi les représentations qui en découlent. À l’heure de l’urbanisation planétaire, de la généralisation des réseaux techniques de communication et d’une certaine homogénéisation des rapports homme/nature, il est essentiel de penser ce qu’«habiter» veut dire. » PAQUOT, T., YOUNES, C., (dir.), Habiter le propre de l’homme, Paris : La Découverte, 2007, 384 pages.
QU’EST-CE QUE LE PAYSAGE ? « En Europe, la Convention européenne du paysage de Florence de 2000 a formalisé la définition de cette notion ambivalente. C’est «une portion de territoire telle que perçue par les populations, et résultant d’interactions entre des facteurs naturels et/ou humains». Cette définition du paysage mérite que l’on s’y attarde. Il y a en effet trois façons de concevoir la perception du paysage. La première est de la réduire à la connaissance du monde ambiant par les cinq sens. Les sensations suscitent des impressions, des affects, des sentiments, des plaisirs et des douleurs qui nous permettent de réagir au monde environnant mais pas de le connaître (quoiqu’en disent les empiristes). Le paysage d’un cratère de volcan en activité peut être saisi par des sensations de chaleur, d’odeur de soufre et de tremblements du sol, ce qui peut déclencher la peur et la fuite, mais n’apprend rien sur ce qu’est le fonctionnement d’un volcan et la manière de prévoir l’éruption.
La deuxième façon de percevoir le paysage est, à la manière de Descartes, de le concevoir rationnellement comme un ensemble d’images mentales assemblées de manière cohérente via des notions et des concepts. La vulcanologie, en tant que science fondée sur des concepts et des observations, construit des modèles d’éruptions qui permettent de les prévoir, ce que ne peut faire la connaissance sensible et immédiate.
Critique de la précédente, la troisième façon de percevoir un paysage est de constater avec les phénoménologues que la perception rationnelle n’épuise pas les significations de ce qui est perçu, que le sujet percevant n’est pas séparé de l’espace perçu et que la conscience du monde n’est pas isolée de ce dernier. Le paysage d’un volcan en éruption est aussi source d’images peintes et photographiques, de littératures, d’émotions et de sentiments, souvent indicibles. Pierre Donadieu, Quel bilan tirer des politiques de paysage en France ?, publié dans Projets de paysage le 26/06/2009.
ESPACE PUBLIC. « Au singulier, l’espace public désigne la sphère du débat politique, la publicité des opinions privées, qui participent à la vie commune en devenant publiques. Au pluriel, les espaces publics, depuis une trentaine d’années en France, correspondent au réseau viaire, rues et boulevards, places et parvis, parcs et jardins, bref à toutes les voies de circulation qui sont ouvertes au public. Les deux ont, par conséquent, à voir avec la communication. » Thierry Paquot, L’espace public.
(METTRE EXEMPLES AUSSI DE DR)
(ce chapitre sur le principe de définitions reprends le vocabulaire propre aux mémoires)
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